mardi 16 avril 2024

Je suis ton ombre, de Morgane Caussarieu

Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui.

Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt. Des fantômes y rôdent, paraît-il.

Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange manuscrit rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un sulfureux marquis les prend à son service.

Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ?

MON SOUVENIR : 💜💜💜

Ce roman m'a laissée une forte impression, c'est le moins que l'on puisse dire. Il m'a fait songer à "Je suis ta nuit" de Loïc Le Borgne mais en bien plus sombre, plus cru et sulfureux.

L'enfance est ici aussi confrontée à l'horreur. La noirceur est également omniprésente, que ce soit chez les créatures surnaturelles que chez les êtres humains. Mais les points communs s'arrêtent là. Car il n'est pas question d'espoir ou de résilience dans l'unviers de Morgane Cassarieux.

On suit deux trames narratives qui alternent pour donner un rythme addictif au roman. C'est bien simple, il m'était difficile de refermer le livre une fois ouvert et chaque jour, il me tardait de m'y replonger, quand bien même je me perdais dans la noirceur poisseuse de la perversité humaine.

Le narrateur principal, Poil de carotte, est un gamin pommé qui doit s'occuper de son père invalide....lui-même pommé et pas très courageux. Avec son ami David, ils sont les souffre-douleur de leurs camarades d'écoles. Il y a de quoi s'attacher à ce gamin à qui la vie n'a pas fait de cadeau. 

Malgré tout, Poil de carotte a le chic pour prendre les mauvaises décisions même lorsqu'il est consient qu'il ne fait pas le bon choix. Plus le roman avancait, plus je me suis désolidarisée de lui. Il m'a rapidement agacée et déçue. Et pour autant, il est parfait dans son rôle d'anti-héros et représente la molesse et la lâcheté de ceux qui se trouvent des excuses. 

L'autre narrateur, c'est l'auteur du journal qui fascine Poil de Carotte et il m'a fait le même effet même si j'ai plus volontier compris ses choix.

Le seul, finalement, auquel je me suis sincèrement attachée c'est David...

Je n'ai donc pas lu pour l'attachement qui nous lie souvent au héros. J'ai lu parceque le suspense m'a complètement électrisée, j'ai lu parceque l'ambiance m'a happée, non sans violence d'ailleurs. J'ai été me salir dans la moiteur du  Bayou, j'ai vécu le dégout qui se mêle à la fascination. J'ai été curieuse et je l'ai payé car on ne referme pas ce livre parfaitement indemne.

L'autrice ne nous épargne rien comme elle n'épargne rien à ses protagonistes. Elle a décidé de vous montrer la violence qu'on s'inflige les uns aux autres, par perversité, par bêtise, par lâcheté etc...  Même si le surnaturel est bel et bien présent, on réalise que le monstre est bel et bien en nous-même, que le vampire n'est finalement qu'un monstre - ou une victime?- qui a réussi à se donner les moyens de sa revanche...mais doit-on l'envier ?

Ce roman est un triste témoignage de la noirceur humaine dans lequel l'innocence est broyée. En tout cas, c'est ce que j'en retiens. Pourtant je l'ai apprécié et ce, malgré les sentiments mitigés que j'ai ressenti envers les personnages et en dépis de la façon de s'exprimer de Poil de carotte à laquelle j'ai eu du mal à m'habituer d'autant que le registre très familier est parfois entrecoupé de phrases plutôt littéraires qui dénotent avec le reste. 

C'est un roman à découvrir mais pour un lecteur averti. A ne pas mettre entre toutes les mains ; à ne pas lire à n'importe quel moment de sa vie. J'ai trouvé ça désespérant mais je ne regrette à aucun moment de l'avoir lu. 


lundi 8 avril 2024

La Dahlia noir, de James Ellroy

 

Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée le Dahlia Noir, par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l'une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique. Quarante après, James Ellroy s'est penché sur l'affaire Betty Short et lui a donné une solution romanesque, qu'il dédie à sa propre mère, elle-même assassinée le 22 juin 1958. Le thriller à lire, le shocker pour lequel les autres écrivains seraient prêts à tuer pour l'avoir écrit, est le prodigieux Dahlia noir de James Ellroy


MON SOUVENIR : 😕

Je m'attaque à nouveau à un monument semble-t-il....et j'ai bien failli ne pas le terminer tant cette lecture m'a parue âcre. 

James Ellroy nous propose son interprétation d'une véritable affaire qui mit en échec le police de Los-Angeles dans les années 40 : le meurtre d'Elizabeth Short, surnommée "Le Dahlia noir", dont on retrouva le corps atrocement mutilé mais jamais le tueur.

L'auteur nous offre donc une intrigue imaginée à partir de cette fameuse affaire : il en fait un récit complexe, voire labyrinthique....au moins autant que les personnalités de ses protagonistes. Mais, personnellement, loin de me fasciner, j'en ai rapidement eu assez de me perdre dans ce dédale noir et sordide. 

Il est certain qu'en suivant  Dwight "Bucky" Bleichert et Leland "Lee" Blanchard dans les bas-fond du L.A. des années 40, on en sort pas indemne. Mais quand "Bucky", le narrateur, nous balade dans ses pensées malsaines et torturées, que j'ai personnellement eu peine à comprendre, ça devient cahotique et poisseux. Ajoutons à cela la liste des perversités dépeintes à travers divers personnages, des lâchetés, des violences, des mal-être poussés à la caricature...ça devient lourd.

Certes, c'est un livre noir et l'on pouvait s'y attendre mais à ce point, peut-être pas. On sent que l'auteur, torturé, y a mis toutes ses chimères, ses troubles, ses douleurs et ses fantasmes. Il fait de L.A. une Gomorrhe, de ce roman sa catharcis. 

Non contente de ne pas réussir à comprendre les états-d'âme du personnage principal, de son associé et des autres personnages, j'ai eu grand peine à comprendre leur discours, fait de jargon de flic, de boxeur, d'expressions argotiques qui ont rendu le récit, certes très réaliste, mais complètement imperméable. Ca a commencé très vite d'ailleurs car, pour l'anecdote, dès le début je me suis coltiné un chapitre entier dédié à un combat de boxe...comme je n'y connais rien et que je ne suis pas particulièrement intéressée par ce sport...autant dire que je l'ai senti passer.

La pléthore de personnages, de pistes, de sous-intrigues et de coups de théâtre n'a bien entendu rien arrangé à ma confusion et finalement à mon ennui.

Ne tournons pas autour du pot plus longtemps, je n'ai pas apprécié cette lecture. Je lui consède une immersion très réussie dans une amérique puante, perverse où les policiers sont ballottés entre la justice et l'atrait du mensonge, du gain, du désordre, de la violence...

En tout cas, ça m'a vaccinée. Je ne pense pas réouvrir un livre d'Ellroy de sitôt. 


vendredi 15 mars 2024

Trois lucioles, tome 2 de Capitale du Sud, de Guillaume Chamanadjian

Nox, l’ancien commis d’épicerie, est désormais seul maître à bord de l’échoppe Saint-Vivant. Il a pris ses distances avec la maison de la Caouane qui, enfant, l’avait recueilli. Mais, alors que l’hiver touche à sa fin, les problèmes refont surface. Tout ce que la Cité compte d’opposants au Duc Servaint s’est mis en tête que le Duc devait mourir, et que la main qui le frapperait serait celle de Nox.

Mais consentira-t-il à tuer l’homme qui l’a élevé ? De sa décision dépendra le destin de Gemina.

MON SOUVENIR : 💜💜

Troisième tome du "Cycle de la tour de garde" et second tome de la trilogie : "Capitale du Sud", ce roman ne parvient pas à me captiver davantage que ses prédessesseurs. Mon intérêt ne baisse pas non plus. Je continue mon voyage en essayant de me laisser porter sans autre attente que des réponses et un final qui vaudra la peine.

J'espérais que ce tome éveille un enthousiasme plus débordant que le premier tome plus introductif qu'autre chose. Mais ce n'est pas ce qui est arrivé car j'ai presque les mêmes reproches à lui faire : une première partie qui traine un peu en longueur et il faut attendre, cette fois, un peu plus longtemps avant d'être véritablement happé par l'histoire.

D'abord, le passage des événements finaux du premier tome à la situation presque planplan du second tome m'a gênée. Certains continuent leur petite vie tranquille après avoir fait montre de comportements furieusement inquiétants, on n'arrive plus à percevoir le tension qui s'est installée pendant tout le premier tome. Ensuite, si Nox vit quelques mésaventures, il s'en sort somme toute plutôt bien. 

C'est à la fin que l'action s'éveille, que les tensions reviennent au devant de la scène, que quelques réponses nous parviennent. Encore une fois la fin est surprenante et violente. Elle ne laisse au moins pas complètement indifférente et c'est tant mieux sinon, je me serais sentie laisée. 

D'ailleurs les tomes qui constituent le début de cette saga ne dérogent pas à la même règle : début tranquille, voire un peu long, quelques mésaventures et un final en apothéose violente...on a l'impression de voir se dessiner un schéma académique qui ne sort pas d'un cadre et je trouve ça dommage. 

Enfin en réfléchissant aux éléments qui freinent mon enthousiasme à apprécier pleinement cette saga, je réalise que je ne ressens que peu d'attachement pour les personnages et leur devenir. Des morts, il y en a, des trahisons aussi, mais cela me laisse relativement froide et j'ai le sentiment que c'est par manque de profondeur. Quite à placer quelques longueurs, pourquoi ne pas nous en apprendre davantage sur les autres personnages ? On ne fait que frôler leur personnalité, leurs sentiments et leur intimité. Donc, je ne parviens pas à être touchée par ce qui leur arrive.

Peut-être n'ai-je tout simplement pas la tête à ça en ce moment mais si j'apprécie ma lecture, j'apprécie au moins autant de la terminer pour passer à autre chose. Ce qui continue à me motiver c'est finalement un élément en particulier, celui qui avait éveillé mon intérêt au milieu de premier tome et sur lequel on n'en apprend que très peu à chaque fois.

lundi 4 mars 2024

La théorie Gaïa, de Maxime Chattam


La terre, dans un futur proche...

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : multiplication des catastrophes naturelles, instinct de prédation en pleine recrudescence, accroissement exponentiel des tueurs en série... La planète se meurt et nous sommes son cancer. L'Humanité est son propre virus.

Appelés d'urgence par la Commission européenne, un couple de chercheurs prend conscience du chaos qui s'annonce. Dans un monde livré aux éléments, où toute la violence de l'homme semble éclater soudain, le secret d'État se révèle explosif. Inavouable.

Survivront-ils ? Survivrons-nous ?

MON SOUVENIR : 💜💜💜

Si l'on en reste au sentiment divertissant d'ouvrir les pages d'un thriller sympatique et bien rythmé, alors il mérite ses 3 coeurs. Pour le reste, on n'est pas dans le meilleurs Chattam qui soit.

Je termine ici un cycle commencé depuis longtemps avec "Les Arcanes du Chaos" , suivi bien plus tard des "Prédateurs" qui fut une grosse déception. Ce dernier opus remonte le niveau du précédent mais, encore une fois, je déplore certains choix trop faciles de l'auteur.

D'abord, des personnages encore "cliché", jeunes cadres dynamiques, beaux et intelligents...
Mais pas suffisemment, ne serait-ce que soupçonner certains éléments qui m'ont pourtant sautés à la figure. Ca semble paradoxal de mettre en scène des personnages cultivés et itnelligents qui semblent dotés d'une remarquable sagacité et de les faire "oublier de penser" histoire de ménager le suspense. 
Un exemple : l'héroine tire des conclusions surréalistes sur un fait sans jamais envisager qu'il y a peut-être une explication toute simple et réaliste sur ce fait avant de découvrir, à la quasi fin du bouquin, cette explication que je soupçonnai depuis le début. Cela m'a rappelé, dans une moindre mesure, ce que je reprochais au "Prédateurs", à savoir le fait que je devinais les choses avant ses personnages pourtant sensés être des spécialistes. 
Il en va de même pour ces instants de "suspense de pacotille" auxquels, fort heureusement, ne se résume pas le roman...mais qui vous font lever les yeux au ciel en vous demandant si l'auteur ne vous prend pas pour un benet. Il ne suffit pas de dire que le personnage à peur pour créer l'effroi. 
Personnellement, si j'arrive de nuit sur une île, ça ne me surprend, ni ne me fait peur de cosntater que les lumières à l'intérieur des maisons sont éteintes....bah, les gens dorment. C'est tout. 

D'aucun me trouveront peut-être sévère mais ces éléments m'empêchent de proposer une chronique complètement positive. A côté de ça, il faut bien dire que l'auteur arrive à créer une atmosphère et nous immerger dedans, que le rythme est impeccable, que l'intrigue, sans être extrêmement originale est en revanche sous-tendue par une théorie vraiment inédite et c'est là toute la force du récit. J'ai d'ailleurs trouvé beaucoup de choses tout à fait d'actualité et les thématiques m'ont sincèrement touchée. 

C'est, en conclusion, un roman agréable mais dont on pouvait attendre mieux. Je ne nierai pas que ce fut un bon petit moment de lecture mais on est loin du coup de coeur comme on est loin du chef-d'oeuvre. Quant au cycle dans son ensemble, et bien j'ai peur qu'on ne puisse pas parler d'une réussite en ce qui me concerne. Ca avait plutôt bien commencé pour moi mais le second roman a complètement fait retomber mon enthousiasme et celui-ci n'a pas réussi à démentir mon sentiment cocnernant Maxime Chattam que je trouve assez inégal et qui a une propention parfois à choisir la facilité. 



mardi 20 février 2024

Citadins de demain : tome 1 de Capitale du Nord, de Claire Duvivier

Amalia Van Esqwill est une jeune aristocrate de Dehaven, issue d’une puissante famille : son père possède une compagnie commerciale et sa mère tient un siège au Haut Conseil. Progressistes, ils lui ont offert, à elle et à d’autres enfants de la Citadelle, une instruction basée sur les sciences et les humanités. Jusqu’au jour où le fiancé d’Amalia se met en tête de reproduire un sortilège ancien dont il a appris l’existence dans un livre. Au moment précis où la tension accumulée dans les Faubourgs explose et où une guerre semble prête à éclater dans les colonies d’outre-mer, la magie refait son apparition dans la ville si rationnelle de Dehaven. Et malgré toute son éducation, Amalia ne pourra rien pour empêcher le sort de frapper sa famille et ses amis.

MON SOUVENIR :  💜💜💜

Deuxième tome du "Cycle de la tour de garde" et premier tome de la trilogie : "Capitale du Nord", ce roman m'a laissé la même impression que son petit camarade : "Le sang de la cité" chroniqué ici.

Le style, assez ampoulé, est toutefois très différent et pour cause : son décor et son personnage principal différent de Gémina et Nox. Amalia est un pur produit de l'aristocratie marchande de Dehaven et bienqu'untantinet rebelle, on sent que son éducation est bien ancrée. En tant que lecteur, il faudra donc s'habituer à un parlé "comme il siet à la jeune dame". Cela à le mérite de nous immerger dans cet univers socialement fracturé entre les nantis de La Citadelle et les roturiers des Faubourgs et de la Grille. 

Les réflexions de Yonas, ruturier qui a eu l'opportunité d'étudier avec Amalia et son ami Hirion, vient contrebalancer le discours établis qui tent à dissimuler un rapport de domination entre les différentes castes de la cité, rapport que l'on retrouve également entre Dehaven et ses colonies. Les tensions sociales vont servir de toile de fond à la partie de l'intrigue qui a considérablement éveillé mon intérêt et qui fait écho aux mésaventures de Nox à Gémina : les secrets de la Cité et de certaines familles et l'apparition du surnaturel. 

Des échos, il y en a. Malgré les différences entre la Capitale du Sud, plutôt inspirée par les villes de l'Italie de la Renaissance, et la Capitale du Nord, largement inspirée par les villes portuaires de Flandres et des Pays-Bas, on retrouve beaucoup de similitudes narratives : un trio d'amis comme personnages principaux, une première partie plutôt lente à la découverte de la cité, de ses spécialités culinaires, de ses us et coutumes, des objets et des rythmes qui semblent déclancher des événements surnaturels, et enfin, des personnages dont le comportement ou la santé mentale sont pour le moins inquiétants.

On sent bien le parallèle entre les deux romans, l'angoisse qui monte jusqu'au final qui m'a laissé exactement la même impression que celui du "Sang de la cité". Il est surprenant, aussi soudain que violent, et il soulève plus de questions qu'il ne donne de réponses. On a donc évidemment envie de lire la suite même si on se sent frustré de n'avoir assisté qu'à une mise en place qui titille la curiosité sans jamais l'assouvir.

Petit sourire nostalgique en lisant celui-ci à l'évocation de la ducasse, des estaminets, des fricadelles etc...

lundi 12 février 2024

Hidden Pictures, de Jason Rekulak

Alors qu'elle sort tout juste d'une cure de désintoxication, Mallory Quinn est engagée comme baby-sitter par Ted et Caroline Maxwell. Elle doit s'occuper de leur fils de cinq ans, Teddy. Mallory est aussitôt sous le charme. Elle a son propre espace de vie, elle sort le soir pour courir, et elle a enfin la stabilité dont elle rêvait. De plus, elle s'attache sincèrement à Teddy, un petit garçon doux et timide qui ne se déplace jamais sans son cahier et son crayon. Ses dessins suivent les thèmes habituels de cet âge : arbres, lapins, ballons. Mais un jour, il dessine quelque chose de différent : un homme dans une forêt, qui traîne le corps sans vie d'une femme.

Les oeuvres de Teddy deviennent alors de plus en plus sinistres, et ses bonhommes rudimentaires se changent bientôt en esquisses trop réalistes qui excèdent largement les capacités d'un enfant de cinq ans. Mallory commence à se demander si ce ne sont pas là les échos d'un meurtre ancien, peut-être relayés par une force surnaturelle. Consciente que tout cela relève de la folie, Mallory entreprend néanmoins de déchiffrer ces images... et de sauver Teddy avant qu'il soit trop tard.

MON SOUVENIR :  💜💜💜

Moi j'ai lu ce roman comme un thriller et c'est tant mieux. 

On suit l'histoire de Mallory, une ancienne toxicomane en pleine recosntruction qui est engagée comme baby-sitter dans une famille qui m'a inquiétée dès le départ. J'ai personnellement ressenti un malaise très rapidement et à partir de là, il ne m'a jamais quittée. On apprend à connaitre Mallory à travers son quotidien avec Teddy, un petit garçon adorable, et ses parents qui oscillent entre comportements foncièrement attachants et carrément inquiétants. Bien que le décor ne se limite pas à la maison parfaite des Maxwell, il reste cantonné à son quartier tout aussi parfait ou presque. Je l'ai vécu comme un huis clos un brun étouffant.  

J'ai vraiment apprécié de reprendre ma lecture le soir venu, avide de savoir ce que cachaient ces étranges dessins et j'en venais à suspecter tout le monde, à avoir peur pour Mallory. En cela, c'est un excellent thriller qui devient vite un véritable page turner

Mention spéciale pour le partage de ces dessins tout au long de la lecture, cela apporte réellement un "plus" !

Mais quand je dis "avoir peur", il s'agit d'un peur absolument pas liée au surnaturel. J'ai eu peur qu'elle échoue dans tous les efforts qu'elle déploie pour rester sobre et se réinsérer, peur pour sa vie ensuite, mais les éléments fantastiques ne m'ont strictement pas effrayées. J'ai eu peine à leur accorder crédit d'ailleurs, cherchant des explications rationnelles à tout ceci, balayant toute intervention surnaturelle d'un revers de main. Pourquoi ? Parceque l'auteur a échoué à me terroriser avec son revenant, ses bruits, ses dessins et ses odeurs. Au moins n'a-t'il pas déçu mes attentes car, de ce coté, je n'en avais aucune.

Ai-je été surprise par la fin ? En partie car je n'étais pas arrivée à la moitié du livre que je partageais mes soupçons avec mon mari avec une pointe d'ironie car je ne pensais pas avoir raison...et pourtant...si, en partie du moins. Je suis donc un peu mitigée sur la fin mais cela n'a pas démenti le plaisir que celle lecture m'a procuré. 

J'aurais donc tendance à conseiller ce roman pour les personnages, l'atmosphère et l'intrigue plutôt efficaces et divertissants. Pour les amateurs de frisson fans des "grands" du genre, je serais moins prompte à le conseiller car je l'ai trouvé très "soft" sur le côté horrifique.

mardi 6 février 2024

Le sang de la cité, tome 1 de Capitale du Sud, de Guillaume Chamanadjian

Enfermée derrière deux murailles immenses, la Cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d’épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis. Suite à un coup d’éclat, il hérite d’un livre de poésie qui raconte l’origine de la Cité. Très vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres.

MON SOUVENIR : 💜💜💜

Il faut savoir que ce roman est le premier tome, à la fois de la trilogie "Capitale du Sud" de cet auteur mais aussi d'un plus grand ensemble : "Le Cycle de la tour de garde" avec la trilogie "Capitale du Nord", de Claire Duvivier.

Guillaume Chamanadjian nous emmène dans son univers à travers les yeux du jeune Nox, un comis d'épicerie fine qui connait la tentaculaire Cité sur le bout des doigts. Il nous fait donc découvrir cette mégalopole qui semble être un personnage à part entière de l'oeuvre ; elle a ses règles, son souffle, son chant...Même si l'on n'a pas toutes les clés au départ, comme c'est une écriture plutôt immersive, on n'a aucune peine à se laisser immerger dans l'atmosphère, les décors de la Cité. Par contre j'ai mis un peu de temps à m'attacher au personnages, ou à les détester aussi d'ailleurs, car tout se passe assez vite : les rencontres, les échanges sont plutôt brefs et on n'a que le point de vue du personnage principal. 

Toutefois, peut-on le reprocher à l'auteur ? Par forcément car c'est réaliste finalement...est-on jamais certain de connaitre quelqu'un ? Combien de temps faut-il pour cerner une personnalité ? Et croyez-moi les surprises, les comportements inconfortables ou imprévus sont plutôt remarquables. 

J'ai aussi mis un certain temps à comprendre où se trouvais l'intrigue. Au début, j'étais juste "en voyage" à travers la Cité, je découvrais ses us et coutumes, sa gastronomie, les quelques personnages qui font l'univers de Nox, son quotidien, ses réflexions. Rien d'incroyable sur le coup. 

C'est vers le milieu du roman qu'un événement inattendu à vivement éveillé ma curiosité, que les questions se sont bousculées et que les éléments inquiétants se sont multipliés. On sent que la Cité a ses secrets, que certains personnages ont des plans, que quelque chose se prépare mais à la fin de ce premier tome, ne vous attendez pas à avoir de réponse toutefois. La fin est un enchainement d'événements qui font monter un sentiment d'alerte, qui bouleversent le monde de Nox mais il faudra bel et bien attendre la suite pour démêler quoi que ce soit est espérer des réponses aux nombreuses questions soulevées. En cela, j'ai été frustrée. 

C'est définitivement un tome d'introduction. A priori l'intrigue semble classique mais impossible d'en être certain, on se doute qu'on n'a vu que la partie immergée de l'iceberg. Quant à l'univers, il est original, ça, c'est certain. Quant à la fin, elle donne forcément envie de découvrir la suite sinon, on reste sur sa faim. 

C'est donc un bon moment de lecture mais je reste dans l'expectative. Mon avis sera peut-être plus tranché quand j'en saurai davantage. 


vendredi 26 janvier 2024

Un jour de nuit tombée, de Samantha Shannon

Tunuva Melim est une sœur du Prieuré de l'Oranger. Pendant cinquante ans, elle s'est entraînée à tuer des wyrms, mais aucun n'est apparu depuis le Sans-Nom, et la jeune génération commence à remettre en question le but de la communauté secrète.

Au Nord, dans le reinaume d'Inys, Sabran l'Ambitieuse a épousé le nouveau roi du Hróth, sauvant de justesse les deux royaumes de la ruine. Leur fille, Glorian, vit dans leur ombre, exactement là où elle veut demeurer.

Dumai a quant à elle passé sa vie dans un temple de montagne seiikinois, essayant de réveiller les dragons de l'Est de leur long sommeil. Mais le passé de sa mère va venir bouleverser son destin.

Lorsque le Mont Effroi entre en éruption, entraînant avec lui une ère de terreur et de violence, ces trois femmes doivent trouver la force de protéger l'humanité d'une menace dévastatrice.

MON SOUVENIR : 💜💜😴

Je suis tombée dessus complètement par hasard et il faut bien le dire, le livre est bien beau, son titre, une merveille...mais il est aussi bien lourd...au propre comme au figuré.

Nous sommes ici en face d'un préquel du "Prieuré de l'oranger" que j'avais beaucoup apprécié. J'étais donc naturellement enthousiasmée à l'idée de continuer à découvrir cet univers riche et passionnant créé par Samantha Shannon. 

Mais autant j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire du premier faute de temps pour finalement l'apprécier pleinement, autant j'ai commencé celui-ci avec plaisir et puis le soufflet est retombé et le temps de lire, même si j'en disposais, je n'avais pas envie de le passer à ça. Que s'est-il passé ? Difficile à préciser sinon que c'est beaucoup trop long et que je ne le trouve pas indispensable. J'aurais pu me contenter du "Prieuré de l'oranger"...

L'histoire commence plutôt bien car les "ennuis" arrivent assez tôt pour ne pas perdre le lecteur dans une mise en place lente et ennuyeuse. L'inquiétude grandit pour passer très vite à l'angoisse puis l'horreur des combats. Mais comme on suit plusieurs histoires en parallèle, plusieurs sous-intrigues, histoires personnelles et différentes quêtes, ça commence à faire long malgré tout. Les personnages et leurs cultures sont suffisemment différents pour apporter un certain dépaysement, quoiqu'on les connaisse déjà un peu, mais leurs voyages, qui m'ont donné l'impression d'incessants va-et-vient, ainsi que les combats finissent par se ressembler. J'ai eu une impression de redondance qui a eu raison de ma patience. Tout cela s'est terminé sur une impression de "déjà vu" : le Mont Effroi rentre en erruption, les vilains wyrms s'en prennent aux populations, magie et gentils dragons en viennent à bout, le rôle des femmes est important, il faut pouvoir aimer comme il nous plait, merci mais ça n'apporte absolument rien de plus que "Le prieuré de l'oranger".

Et le parti pris de l'autrice sur le féminisme et la communauté LGBT peut sembler bien fait de prime abord. Elle n'en fait pas des caisses sur les réflexions, le mal-être de se sentir différent à cause d'une société intolérante etc....ce n'est même pas le propos du livre mais les personnages majeurs sont des femmes et, une ou deux exceptions mises à part, les hommes sont des faire-valoir quand ils ne sont pas juste grossièrement l'équivalent des femmes au foyer de notre monde. Pour moi, ce n'est pas encore assez subtil. 

De même, j'ai levé les yeux au ciel en constatant que manifestement deux femmes ne peuvent pas se rencontrer sans avoir envie de coucher ensemble. Ca a ce petit côté YA qui ne me passionne pas du tout. 

Enfin,  l'emploi, pour désigner certains personnages secondaires, des pronoms et noms communs non-binaires (Iel, lo, rebouteuxe, Lade...) m'a surprise (c'était absent dans "Le prieuré de l'oranger") et m'a perturbée. Il me fallait me concentrer pour comprendre de qui on parlait et j'ai également réalisé que j'étais incapable de me figurer ces personnages. Tout ça m'a laissée sceptique finalement. 

Je ne pense pas que tout le monde ressentira la même chose et c'est tant mieux. Malheureusement, comme je me suis rapidement ennuyée, je n'étais peut-être pas dans de bonnes dispositions pour apprécier pleinement ce que nous propose cet opus. C'est dommage car c'est plutôt joliment écrit mais l'autrice m'a rapidement perdue.

S'attarder sur l'histoire de Cléolind, Galian et le Sans-Nom, alors là, pourquoi pas ? Mais cet épisode "entre deux" ne m'a rien apporté sinon une bonne dose d'ennui.


vendredi 5 janvier 2024

Blackwater, tome 6 : Pluie, de Michael McDowell

Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s'être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.

MON SOUVENIR :  💜💜💜

Quand on s'est embarqué avec les Caskey, on ne peut que'apprécier la saga jusqu'au bout. Pour peu, comme c'est mon cas, qu'oaucun des personnages ne nous laisse indifférent, on dévore chaque tome de la saga avec plaisir.

Pourtant, il m'a manqué quelque chose parceque j'espérais plonger plus en profondeur dans le monde d'Elinor. Certes, les questions majeures sur les événements surnaturels qui ponctuent la saga trouvent réponse, directement ou indirectement. Mais ma curiosité d'amatrice de fantastique, largement titillée tout au long des tomes, n'est pas complètement satisfaite. 

En somme, pour répondre à la question que je me posais dans ma chronique du tome 5, l'aspect surnaturel singularise cette saga mais cela reste avant tout une saga familiale, reflet d'une amérique qui se métamorphose en ce début de 20ème siècle. 

Ceux qui n'aiment pas le surnaturel seront tout de même rebutés car il est indéniablement présent et particulièrement dans ce dernier tome. Mais ceux dont l'appétit en la matière est insasiable seront un peu frustrés à n'en pas douter.

Quoiqu'il en soit, je reste charmée par "Blackwater" et ravie de lui avoir laissé sa chance. Ce dernier tome m'a un peu frustrée et je trouve que certains événements qui devraient pourtant poser bien des questions sont un peu vite balayés alors qu'ils auraient mérité qu'on développe, tant pour une question de crédibilité que pour satisfaire ceux qui aiment analyser, comprendre tout et explorer.

A bon entendeur, je conseille tout de même franchement cette saga à la foie drôle et inquiétante, en tout cas passionnante, avec cette seule réserve dédiée aux amateurs de fantastique.

👉 Mon souvenir du tome 1

👉 Mon souvenir du tome 2 

👉 Mon souvenir du tome 3

👉 Mon souvenir du tome 4

👉 Mon souvenir du tome 5

mercredi 3 janvier 2024

Les dossiers Blackwood, tome 1 : Les avides, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan

Après une enquête qui a mal tourné, Odessa Hardwicke est mise à pied. Dévastée, la jeune agent du FBI n'est pourtant pas en cause. Sur la piste d'un meurtrier avec son collègue, elle se voit obligée de commettre l'irréparable. Mais ce qui la choque le plus n'est pas d'avoir fait usage de son arme, c'est la présence ténébreuse qu'elle pense avoir vu quitter le corps de sa victime. En attendant des jours meilleurs, Odessa accepte une mission à New York.

Cette affectation a priori sans intérêt la met sur la piste d'un personnage mystérieux, Hugo Blackwood. Qui est cet homme ? Un simple fou ou le meilleur espoir de l'humanité face à un mal indicible ?

MON SOUVENIR : 💜💜

Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, un duo qui m'avait conquise avec la trilogie "La lignée", une réécriture sombre et moderne, très cinématographique, rythmée, haletante, du mythe des Vampires.  C'est évidemment avec un immense enthousiasme que je m'attaque à ce premier tome d'une série que j'espérais prometteuse. 

Mais très rapidement, je constate que j'en attendais trop. Le roman commence comme un thriller très classique et se transforme assez rapidement en thriller fantastique mais, là encore, très classique. 

L'écriture est encore cinématographique donc ça se lit très facilement, on est plongés dans l'ambiance et on imagine sans problème les scènes. Cela rend l'ensemble divertissant mais autant que de visionner une série à la télé en fait. Car ce premier tome n'est ni plus ni moins qu'un condensé de scènes de films et séries d'enquêtes occultes, les personnages, leurs psychologies, leurs interactions, les ficelles de l'intrigue et de l'action, rien de nouveau ! 

Entre X-Files et La légende de Sleepy Hollow, je me suis divertie, c'est certain. Mais même sans déplorer le bref temps passé à lire ce premier tome, je me suis demandée s'il était bien nécessaire de s'y mettre à deux pour pondre ce thriller fantastique, certe sympathique mais tellement  naïf.

Peut-être lirai-je la suite si l'envie me prends de regarder une série fantastique sympathique...oui vous avez bien lu ma phrase.