vendredi 20 octobre 2023

Le sang des Parangons, de Pierre Grimbert

Le monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée.

Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs.

Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire.

MON SOUVRNIR : 💜💜💜💜

Ayant été une fan de la première heure de "La Malerune" et du "Secret de Ji", j'ai toujours nourri de la curiosité pour l'oeuvre de Pierre Grimbert même si, il faut bien l'avouer, j'ai eu besoin de faire une pause après avoir lu tout le cycle de Ji*. Ce cyle m'a passionnée mais à force, je commençais à dicerner certaines recettes typiques de l'auteur qui me surprenait de fait de moins en moins. 

Suite à cela, je classais donc Pierre Grimbert dans la catégorie des "cuisiniers" qui utilisaient un peu trop souvent les mêmes recettes, ce qui enlevait la surprise et émoussait mon intérêt. D' "originale", sa fantasy devenait "classique" et dépeignait des personnages traités un peu toujours selon les mêmes schémas. J'étais désensibilisée.

Après de nombreuses années, je me laisse à nouveau tentée par la plume de Pierre Grimbert et là, je reçois un claque. Du début du roman à la fin, du début d'un chapitre à sa fin, on ne devine rien. Tout comme les nombreux personnages ne savent pas ce qui les attend dans les profondeurs de cette montagne, nous, lecteur, ne pouvons deviner ce qu'il adviendra d'eux. Tout comme la montagne brouille les pistes et met au défi les intuitions comme les lois de la physique, Pierre Grimbert nous surprend, nous perd, nous essoufle, nous donne du courage, nous le fauche, nous redonne espoir, nous sidère... 

Et là, je dis "chapeau"! Au début du roman, on peut toujours essayer d'imaginer quels personnages vont devenir les héros de l'histoire et vont survivre, quels interactions ils vont développer....on s'y cassera les dents. Chaque chapitre est narré du point de vue d'un des Parangons et c'est l'occasion d'apprendre à le connaitre, à comprendre ses motivations -ou essayer du moins- , à s'y attacher ou au contraire à le détester. Et à chaque fin de chapitre, il me semble avoir été surprise. L'auteur n'a épargné personne, ni ses personnages, ni ses lecteurs. On se prend la fatalité des choses en pleine face. 

C'est en cela qu'il a fait fort et que cette lecture m'a beaucoup plue. D'autant qu. ils sont loins d'être de preux chavaliers et de nobles dames, ce qui pousse chacun à affronter les danger n'est pas toujours louable. On s'aperçoit vite que les Parangons, d'où qu'ils viennent, sont plus souvent mus par  l'ambition, l'orgueil, la volonté de prouver que les dieux existent ou de prouver qu'ils n'existent pas....ce qui d'ailleurs créé rapidement des dissensions au moment où il faudrait justement pouvoir compter sur la solidarité, l'unité dans un but commun. Mais non, au moment de mettre leurs forces en commun pour sauver l'humanité, les individualismes s'exacerbent tout de même d'autant que la montagne, personnage à part entière de cette histoire, pousse nos Parengons dans leur retranchements.

Je n'ai pas le sentiment que Grimbert nous affirme que c'est bien ou mal d'avoir la foi ou pas, il nous rappelle juste ce que c'est que d'être humain, avec nos failles, notre besoin de justifier nos choix par l'honneur, la foi, la recherche de connaissance ou de reconaissance....mais il nous rapelle aussi que plutôt que de de s'inventer des excuses, on devrait peut-être se sentir plus responsables de nos actes et, à l'occasion, se rappeler que nous sommes mortels.

Concernant le rythme, il est efficace : on enchaine nos rencontres avec les différents Parangons comme eux enchainent leurs aventures et leurs découvertes, en général effrayantes, dans une atmosphère lourde, sombre, léthale. Leur chemin est semé de dangers inconnus et ils ont beau essayer de donner un sens à tout ça...est-ce que ça en a ? C'est d'autant plus dur pour les nerfs de ne pas pouvoir répondre à cette question.

 A la fin du chemin, les surprises continuent à nous scotcher au roman. Mais, même si je l'ai beaucoup aimé, si j'y ai trouvé beaucoup de qualités, j'ai été un peu gênée par un détail de l'épilogue....incohérence ? Choix volontaire ? Je ne sais pas. Sans que ça altère mon intérêt pour ce roman, la fin telle qu'elle est écrite, ne me suffit pas. Quoiqu'il en soit je conseille tout de même cette lecture dont la fin peut plaire ou déplaire mais ne manquera pas de faire réfléchir. 

* Le secret de Ji (4 volumes), Les enfants de Ji (5 volumes) et les gardiens de Ji (4 volumes)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Une bouteille à la mer