lundi 9 octobre 2023

J'irai tuer pour vous, de Henri Loevenbruck

1985, Paris est frappé par des attentats comme le pays en a rarement connu.

Dans ce contexte, Marc Masson, un déserteur parti à l’aventure en Amérique du Sud, est soudain rattrapé par la France. Recruté par la DGSE, il est officiellement agent externe mais, officieusement, il va devenir assassin pour le compte de l’État.

Alors que tous les Services sont mobilisés sur le dossier libanais, les avancées les plus sensibles sont parfois entre les mains d’une seule personne… Jusqu’à quel point ces serviteurs, qui endossent seuls la face obscure de la raison d’État, sont-ils prêts à se dévouer ? Et jusqu’à quel point la République est-elle prête à les défendre ?

Des terrains d’opérations jusqu’à l’Élysée, des cellules terroristes jusqu’aux bureaux de la DGSE, Henri Loevenbruck raconte un moment de l’histoire de France – qui résonne particulièrement aujourd’hui – dans un roman d’une tension à couper le souffle. Pour écrire ce livre, il a conduit de longs entretiens avec «Marc Masson» et recueilli le récit de sa vie hors norme.

MON SOUVENIR : 💜💜💜💜

C'est le type de roman qui ne m'attire pas du tout. Et pourtant...

Soucieuse de m'extraire de notre/ma réalité, de m'éloigner des problèmes du quotidien, de ce que nous martèlent les médias, de ce qu'on nous vend comme de l'information, je préfère naturellement la littérature de l'imaginaire ou, s'il faut rester sur Terre, qu'elle m'emmène au moins très loin dans l'espace et dans le temps. 

Les années 80, c'est trop récent ; les guerres et les attentats, c'est malheureusement toujours d'actualité.

J'étais une toute jeune enfant à l'époque où se déroule l'action. Une vague d'attentats à Paris, des journalistes otages au Liban, la cohabitation entre François Mittérand et Jacques Chirac...ce roman m'a narré une partie de notre Histoire qui était bien floue pour moi pour la bonne et simple raison que je ne m'intéresse que modérément à la géopolitique et que j'ai de gros a priori sur ce qui motive les hommes politique, alors j'utilise mon énergie à autre chose.

Croyez le ou non, j'ai trouvé un grand intérêt à ce roman. Henri Loevenbruck a réussi le pari de me scotcher à cette Histoire et à la vie d'un agent secret. Moi qui m'énerve face aux infos, qui m'endors devant un "James Bond", j'ai été complètement happée par ce roman. J'y ai non seulement trouvé une source d'informations qui m'étaient inconnues mais aussi ce qu'il fallait d'intelligence, d'humour et d'émotion pour ne pas avoir l'impression de lire un documentaire indigeste ou une biographie à deux sous.

J'ai appris beaucoup de choses sur notre Histoire, sur la DST, la DGSE, les coulisses de la politique, les hommes qui oeuvrent dans l'ombre et donnent littéralement leur vie au service de la France tandis que les hommes politiques paradent au devant de la scène. Ce roman n'a pas contribué, vous le voyez, à changer mes a priori sur ces derniers. Mais il m'a ouvert les yeux sur certaines choses, a élargit mes perspectives sur certaines problématiques. 

Venons-en à Marc Masson, ce personnage singulier, une grenade dégoupillée qui peut faire bien des dégats mais qui choisit de mettre toute sa violence au service de la justice. On découvre à travers l'intrigue mais aussi ses réflexions plus intimes qui ponctuent le récit, qu'il combat cette violence mais en vain. Alors, il l'utilise au service de la France. Comme elle n'a d'égale que sa volonté de vivre et sa force de caractère, elle en fait un agent redoutable. C'est un personnage passionnant, plein de colère et d'abnégation. En lui l'ombre cotoie la lumière.

Même si c'est à partir de ses témoignages que Loevenbruck a écrit ce livre, on va suivre plusieurs points de vue qui alternent et rythment le récit. 

Le second personnage qui a une importance toute particulière pour le lecteur comme pour Marc Masson, c'est son officier traitant, Olivier Dartan, un personnage haut en couleur lui aussi, pour qui on resssent rapidement de la sympathie. 
Ces deux là en bavent et font ce qu'ils peuvent pour continuer à se regarder en face en servant la France de la façon la plus intègre possible au milieu d'une machine politique grippée par l'ambition et l'argent. 

J'ai été la première surprise par l'intérêt que j'ai porté à ma lecture. Je ne saurais donc que trop le conseiller. Il faut juste savoir que c'est un pavé de 800 pages.

Je terminerai pas cette citation :

"Très jeune, j'ai été déçu par le sens que le monde moderne a donné à la politique. Et par ceux qui la font. J'ai le sentiment que, comme va le monde, les gens s'intéressent trop à la politique et pas assez à la philosophie. La norme semble non plus d'avoir une pensée, mais un avis. Un avis politique. Au lieu de se forger chaque jour une philosophie de vie propre, on se sent obligé de choisir un camp, on devient un partisan, et, dès lors, on cesse de penser. On se met une étiquette, on en colle à autrui, et l'on ne juge plus qu'à travers elles. On fait de la politique un outil de dissension, de dispute, quand elle ne devrait servir que nos intérêts communs. Les gens qui font de la politique et ceux qui les élisent ne le font plus pour des raisons philosophiques, mais partisanes. Ils ne pensent plus à l'humanité, mais à leur portefeuille."

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