lundi 23 août 2021

Duma Key, de Stephen King

 

Duma Key, une île de Floride à la troublante beauté, hantée par des forces mystérieuses, qui ont pu faire d'Edgar Freemantle un artiste célèbre… mais, s'il ne les anéantit pas très vite, elles auront sa peau !

Dans la lignée d'Histoire de Lisey ou de Sac d'os, un King subtilement terrifiant, sur le pouvoir destructeur de l'art et de la création

MON SOUVENIR : 💜💜💜💘

Encore un roman trouvé par hasard. Une quatrième de couverture sibylline. Je ne savais pas à quoi m'attendre d'autant que Stephen King sait surprendre. Seule certitude, c'est un petit pavé donc je pouvais craindre l'ennui, des longueurs, mais je n'en ai pas trouvé en réalité! Le hasard fait bien les choses en fait.

Edgar Freemantle essaie de se recontruire après un grave accident de chantier qui lui à coûté un bras, diverses lésions physiques et cérébrales, ainsi que son mariage. Sur les conseils de son psy, il va louer une maison en bord de mer sur Duma Key, une île presque déserte au large de la Floride. Un nouveau lieu, une nouvelle vie.....avec quelques surprises en option.

Entendons-nous bien, les choses mettent du temps à se mettre en place, tout arrive au compte-goutte mais je ne me suis jamais ennuyée. King a su m'attacher à son personnage, sa confusion, sa douleur, les stigmates de son amputation, ses doutes, ses peurs. Je me suis intéressée à la vie quotidienne d'Edgar Freemantle, à la qualité de son sommeil, à la douleur de sa hanche quand il va marcher sur la plage, au contenu de ses sandwichs, à ses relations avec ses filles, son ex-femme etc. Par extension, je me suis attachée aux autres personnages de cette histoire, qu'ils soient du présent ou du passé. Aucun ne m'a laissée indifférente.

Je ne peux l'expliquer mais le temps qu'a mis l'auteur à nous les présenter, à nous décrire l'île, son décor, son atmosphère particulière, le passé de ses habitants, ça valait le coup ! C'est de façon très progressive que l'horreur s'immisce dans le quotidien de Freemantle, de la confusion qu'on met sur le compte des atteintes cérébrales, on en vient à ressentir un sentiment d'étrangeté, d'angoisse mêlée à la fascination puis, quand on n'arrive plus à rationaliser en invoquant une salade de thon pas fraiche, le vent, un oubli, une coïncidence, on en arrive à croire au surnaturel, à une présence maléfique, à l'horreur qui se déchaine à la fin du roman qu'on ne peut alors plus lâcher !

Le fil rouge, c'est l'art et son pouvoir créateur...mais aussi destructeur. Dès son arrivée sur l'île, Freemantle est pris d'une envie frénétique de dessiner/peindre. cela se manifeste même physiquement dans le bras qui lui manque. Ses dessins/peintures remportent rapidement un vif succès. Ce nouveau talent qui confine à l'obsession, ce soudain succès ne peuvent que nous interroger. Ses œuvres sont à la fois belles et effrayantes, quel est donc leur pouvoir, d'où vient la fascination qu'elles exercent sur tout le monde ? 

J'ai aussi trouvé très intéressant de vivre à travers un homme brisé, d'imaginer ce qu'il sent dans son "membre fantôme", de ressentir sa colère parce qu'il ne sait plus nommer les choses correctement car son aire du langage est touchée, de faire chaque jour un effort de plus pour marcher avec une hanche et une jambe en vrac. D'essayer de croire que ça ira mieux demain, qu'il pourra surmonter cette épreuve, qu'il survivra à "la loteria". C'est une belle leçon de résilience mine de rien.

Cette résilience passera aussi par l'amitié que Fremmantle tisse avec Jérôme Wierman, l'homme qui s'occupe à plein temps de la vieille dame étrange qui vit dans la maison la plus proche. J'ai beaucoup aimé ce personnage, sa philosophie et son humour. Lui aussi à vécu des choses dures, tout comme la vieille dame.

Je ne peux pas en dire trop pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui, comme moi, s'aventureront sur Duma Key. En tout cas, je me souviendrai de mon séjour !

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Une bouteille à la mer