Le moineau de Dieu, de Mary Doria Russel

Emilio Sandoz, linguiste et prêtre, est le seul survivant d’une mission de contact avec des extraterrestres sur une planète lointaine. Il en revient marqué du sceau de l’infamie : là-bas, il se serait prostitué et aurait tué un enfant... Que s’est-il réellement passé ? Que sont devenus les autres membres de l’expédition ? D’où viennent ces cicatrices terribles sur ses mains ?

Roman inoubliable et bouleversant, Le Moineau de Dieu raconte cette première expédition et l’histoire d’Emilio, posant mille questions sur notre rapport à l’altérité et à notre propre humanité. Premier livre de Mary Doria Russell, elle-même anthropologue renommée, il a été récompensé par le British Science Fiction Award et les prix Arthur C. Clarke et James Tiptree, Jr.

MON SOUVENIR :  💜💜💜

J'ai tout simplement été intriguée par le titre, pour le moins étrange, puis la quatrième de couverture car rien ne me destinait à lire ce roman. Je ne connais pas du tout son autrice et n'en avais jamais entendu parlé. Le résultat de cette expérience ? Une lecture intéressante qui pose bien des questions sur notre rapport à l'inconnu, à l'altérité -comme le dit la quatrième de couv'- et à l'idée de la coexistence -possible ou pas?- entre une divinité a priori bienveillante (ici, Dieu) et le mal, la douleur, l'injustice...

Le roman suit plusieurs temporalités, les chapitres alternent entre ce qui s'est passé avant la mission et sa préparation, la mission en elle-même et le moment présent, le témoignage douloureux de Sandoz qui se remet avec une indicible peine de cette expérience. Et puisqu'on sait déjà ce qui s'est passé, toute l'intrigue tourne autour du "comment" et du "pourquoi". 

C'est l'occasion pour l'autrice de nous décrire un premier contact sur une planète inconnue peuplée d'une civilisation différente de la nôtre. Ce genre d'aventure, on a beau s'y préparer, on ne peut pas être certain d'en sortir indemne, ou même vivant. Quand on arrive avec des besoins, des réflexions, un conditionnement tout humains, les maladresses, les incompréhensions, les risques, sont légion. Et le roman nous met cette réalité en plein visage. 

Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me dire que nos aventuriers qui sont réunis ici, que ce soit par la volonté de Dieu ou par hasard, qui partent sans entrainement solide et sans franchement d'expérience ....je trouve que c'est un petit peu "Oui Oui part à la rencontre d'extra-terrestres".

Entendons-nous bien, ça n'a pas gâché ma lecture car ma foi, on s'attache à ces différents personnages et leurs interactions, leurs réflexions, leurs évolutions ne peuvent nous laisser de marbre. L'autrice prend même peut-être un peu trop de temps à nous les mettre en scène. C'est à double tranchant, on a le sentiment de bien les connaitre mais ça ajoute quelques petites longueurs au récit.

Même si on connait la fin, qu'on devine certaines choses à mesure qu'on lit, on est quand même très mal à l'aise quand on est scotché aux dernières pages. La description, pourtant pas excessive, de ce qui s'est passé est si réaliste qu'on souffre avec le(s) personnage(s), on est mal, on désespère et finalement, on comprend le pauvre bougre qui se sent abandonné par Dieu.

La question de Dieu, nous y arrivons. Il est bien présent dans le récit à travers les questionnements des divers personnages, qu'ils soient religieux, athées ou agnostiques. J'ai lu des critiques sévères qui parlent de prosélytisme.  Je dis "on se calme ! ". Quand on voit sur le résumé qu'il s'agit d'un prêtre, à quoi s'attend-t-on sinon à entendre parler de religion ? Outre les discussions et réflexions des divers personnages sur le sujet, ce qui n'est pas inintéressant par ailleurs, la mission n'est absolument pas une mission d 'évangélisation. Peut-être que l'autrice est croyante, je ne le sais pas, et en fait ça la regarde. Je ne suis pas restée fixée là dessus.

On peut trouver que l'autrice s'appesantit un peu trop sur le vœux de chasteté comme elle s'appesantit un peu trop sur des tas de petites choses concernant l'équipage de la mission mais ça s'arrête là.

En résumé, une lecture où l'on cherche l'optimisme, une histoire qui ne laisse pas intacte et qui fait réfléchir.. Si quelques longueurs vous découragent et si Dieu est un sujet tabou pour vous, je vous la déconseille tout simplement.

Personnellement,  j'ai apprécié cette lecture mais je ne ressens pour autant pas l'envie irrépressible de lire la suite (j'ai appris qu'il y avait une suite). C'était un bon moment de SF, pas un coup de cœur.